Entre 2008 et 2015, la filière coton burkinabè, en partenariat avec la firme américaine Monsanto, a exploité en culture commerciale, le coton génétiquement modifié (CGM) après une période d’expérimentations de cinq (5) campagnes.
L’introduction du CGM au Burkina Faso visait principalement l’amélioration de la protection phytosanitaire face à la résistance aux pyréthrinoïdes qu’ont développée certains Lépidoptères, notamment Helicoverpa armigera, et par voie de conséquence devait induire un accroissement de la productivité, une réduction du nombre de traitements insecticides, une réduction des coûts de production et de l’impact de la culture du coton sur l’environnement entre autres.
En 2016, l’expérience de production de CGM a été suspendue pour des questions principalement commerciales (baisse de la qualité de la fibre de coton CGM) liées à la dégradation des caractéristiques technologiques de la fibre (raccourcissement de la longueur, la diminution de la résistance de la fibre de coton Bt,….) ainsi que la perte du label du coton burkinabè qui ont engendré un énorme préjudice financier.
A l’époque, de multiples concertations et tractations avec la firme Monsanto avaient précédé la suspension provisoire de la production du coton CGM intervenue à partir de la campagne 2016/2017. La promesse d’un retour futur a été faite si une variété de CGM qui satisfait tous les acteurs de la chaine de valeur du coton est disponible et accessible.
Mais de nos jours, face à l’émergence des acariens, de certains piqueurs-suceurs notamment la nouvelle espèce de jassides Amrasca Biguttula non contrôlée par le gène Bollgard II (MON15985), le retour à la culture du CGM constitue un défi majeur qui se complexifie ; mais demeure un challenge à relever.
Par conséquent, la conception de l’idéotype des futures variétés de CGM du Burkina Faso devra donc prendre en compte non seulement les nouvelles préoccupations par rapport à la maitrise de l’ensemble du spectre parasitaire du cotonnier, mais aussi les caractéristiques fixées de commun accord entre les producteurs et les Sociétés Cotonnières, tout en ayant un regard sur les exigences du marché de la fibre.
Aussi, pour plus de succès que la précédente expérience, le retour à la culture du CGM, exige de la filière une démarche inclusive de tous les acteurs impliqués dans les questions de biotechnologies et de biosécurité au Burkina Faso.
Ainsi, au regard des expériences et des évolutions intervenues au niveau des firmes qui interviennent dans le domaine de la biotechnologie agricole appliquée à culture du coton, dès 2017, l’AICB a entamé une série de prospections et d’échanges avec ces structures et leurs experts en vue de bâtir un partenariat qui permettra de développer de nouvelles variétés de CGM ou de corriger les variétés de CGM Bollgard II.
A ce titre, elle a également mené des actions avec la Recherche nationale notamment le Programme Coton de l’INERA et des concertations avec l’Agence Nationale de Biosécurité.
La mise en œuvre du processus du retour à la culture du CGM se révèle assez longue, difficile et marquée par des changements importants au niveau du contexte institutionnel, si bien que des opinions se dégagent pour envisager et communiquer sur des propositions qui soutiennent la faisabilité d’un retour plus rapide à la culture CGM avec d’autres voies ou moyens non encore éprouvés.
Tenant compte de cette situation et du cheminement opéré pour le retour éventuel à la culture du CGM, l’AICB et l’INERA/Programme coton ont organisé un atelier d’information des producteurs de coton sur le processus d’un éventuel retour à la culture du Coton Génétiquement Modifié (CGM) au Burkina Faso le vendredi 27 septembre 2024 à Bobo Dioulasso.
Cet atelier a rassemblé 320 personnes comprenant les acteurs clés du secteur coton, des chercheurs, des représentants du Gouvernement (MARAH, MICA), l’Agence National de Biosécurité, l’Académie Nationale des Sciences et des Arts (ANSAL), des personnes ressources ainsi que des responsables des Organisations des Producteurs de Coton.
Il a permis de partager et d’échanger sur les présentations suivantes :
- Les raisons de la suspension du CGM en 2016 ;
- Les besoins de l’AICB (APROCOB et UNPCB) en matière de CGM (gènes et démarche) ;
- La situation des actions menées par l’AICB avec les firmes biotechnologiques dont Bayer et les autres partenaires ;
- L’état et/ou l’évolution des technologies disponibles en matière de CGM ;
- L’état des tests en matière de CGM faits par la Recherche cotonnière Burkinabè ;
- La situation comparative des avantages et inconvénients du retour aux CGM ;
- La problématique de l’utilisation du coton hybride Bt ;
- Les perspectives pour un retour consensuel et réussi du CGM.
Dans son mot de clôture, le Président de l’AICB, soutien que les objectifs de l’atelier ont été pleinement atteint. Il a remercié tous les participants en l’occurrence les producteurs de coton pour l’intérêt accordé à cette importante rencontre. Il a terminé son propos en souhaitant un bon retour à tous et une excellente saison pluvieuse dans la paix et la quiétude avant de déclarer clos l’atelier à 15h 30.